Cette recherche interroge les modalités d’élaboration, de régulation et de transformation des pratiques d’entraide entre personnes partageant une expérience similaire de la maladie ou du handicap, en prenant pour focale leur inscription dans le contexte associatif. Il s’agit moins de considérer l’entraide comme une catégorie préétablie que d’en analyser la fabrique, entendue comme l’ensemble des conditions sociales de son émergence, des formes concrètes de sa structuration, des significations qu’elle revêt pour les personnes concernées, ainsi que des savoirs – souvent informels ou expérientiels – qu’elle mobilise, produit et fait circuler. À la croisée des dispositifs institutionnels et des trajectoires biographiques, cette enquête repose sur deux principales démarches empiriques : une balistique sociologique (Chateauraynaud, 2011) des qualifications des figures de l’entraide et une enquête ethnographique (Beaud et Weber, 2010) menée au sein de trois associations accueillant respectivement des personnes présentant des troubles psychiques, ayant subi un AVC avec état séquellaire, ou atteintes de diabète. 
Quatre axes d’analyse complémentaires structurent cette thèse. Le premier porte sur les qualifications des figures de l’entraide, les pratiques qu’elle recouvrent, et les positionnements différenciés des acteurs à leur égard, en lien avec des enjeux organisationnels, axiologiques et épistémiques (Collinet et Terral, 2006). Le deuxième axe propose une socio-histoire (Payre et Pollet, 2013) des associations étudiées, envisagées comme des espaces traversés par ces mêmes enjeux, qui orientent leur structuration, façonnent leurs modes de fonctionnement, et influencent les formes d’entraide qui s’y déploient. Le troisième examine les fonctions différenciées que les adhérents attribuent à ces espaces en fonction des phases traversées dans leur trajectoire de maladie (Strauss, 1992) ou de handicap, entre différents types de soutien aux trajectoires individuelles et engagement militant en faveur d’un changement social. Enfin, le quatrième axe, à partir d’une analyse des parcours (Santelli, 2019), s’attache à identifier les déterminants sociaux qui structurent la diversité des rapports à l’aide à l’égard des personnes partageant une expérience similaire, allant de postures de retrait à des formes d’engagement réflexif articulant reconnaissance, transmission et formalisation des savoirs issus de l’expérience.

Direction : Philippe TERRAL et Jean-Paul GÉNOLINI

Jury:
Madeleine AKRICH,
Myriam WINANCE,
Cécile FOURNIER,
Baptiste GODRIE,
Ségolène PETITE-PEYPOUDAT.